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Hommage à Jean-Pierre Sainton

Jean-Pierre Sainton en conférence publique au Moule, en Guadeloupe en Mai 2022

Nous sommes sous le choc après l’annonce du décès de Jean-Pierre Sainton, professeur d’histoire contemporaine à l’Université des Antilles. Nous devons tous nous rendre compte de cette perte immense, en premier lieu pour ses proches, mais également pour le monde de la recherche en histoire dans la Caraïbe.

Mais qui était-il ?

Jean-Pierre Sainton est né à Paris, d’un père guadeloupéen et d’une mère martiniquaise qui se sont rencontrés au cours de leurs études dans l’hexagone. Il a eu l’occasion de souligner le rôle de ses grands-parents maternels en Martinique, qui lui ont transmis le goût de la connaissance, ainsi que son attachement à la culture guadeloupéenne, par son père, le docteur Pierre Sainton, une figure emblématique du militantisme, fondateur du GONG, (Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe). Ce dernier a été arrêté lors des émeutes de mai 1967 ce qui a plongé Jean-Pierre Sainton dans la vie guadeloupéenne et l’action militante dès son adolescence.

Il poursuit ses études secondaires en Guadeloupe, et passe par le lycée Carnot. Il obtient son baccalauréat en 1973 et poursuit en DEUG d’histoire à l’Université des Antilles, où il est marqué par des enseignants à la pointe de la discipline comme Danielle Bégot pour sa méthodologie historique et Jacques Adélaïde-Merlande, initiateur de l’histoire antillaise. Après ses deux premières années d’études supérieures, il part à Nanterre pour suivre une licence renforcée dite également licence d’enseignement, puis fait sa maîtrise à Paris VII, où l’histoire du Tiers-Monde est enseignée.

En parallèle de ses études, il accorde une grande place au militantisme et est responsable de l’association générale des étudiants guadeloupéens. De retour en Guadeloupe, dans les années 1980, où il poursuit ses activités politiques, il co-signe avec Raymond Gama Mé 67 : mémoire d’un événement.  Il rencontre Rosan Girard, principal fondateur du parti communiste guadeloupéen, un moment qu’il considère comme central dans sa vie.

Il soutient sa thèse sur « Les nègres en politique : couleur, identités et stratégies de pouvoir en Guadeloupe au tournant du siècle » dans laquelle à partir du cas guadeloupéen, il a montré comment s’est construit le champ politique durant la période post-esclavagiste (fin XIXème – début XXème), par l’articulation d’un système politique issu de la IIIe république et des structures sociales et culturelles existantes héritées de l’esclavage colonial.

Parmi ses nombreuses publications, il faut souligner La décolonisation improbable. Cultures politiques en Guadeloupe et en Martinique (1943-1967), publiée chez Jasor en 1981 et rééditée en 2012, ainsi que Rosan Girard, Chronique d’une vie politique en Guadeloupe, publiée chez Jasor/Karthala en 1993 réédité chez Atlantiques déchainées en 2022. Jean-Pierre Sainton a aussi dirigé une Histoire et civilisation de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Petites Antilles) chez Karthala, dont le troisième tome devait paraître prochainement. Il s’est également intéressé aux enjeux de l’enseignement de l’histoire dans les Antilles françaises et ses récents travaux étaient dédiés à une analyse du contexte historique de chants de Gwo-Ka.

Il était toujours disponible pour échanger, partager ses analyses et sensibiliser à une approche sociale de l’histoire. Nous avons eu l’honneur de recevoir Jean-Pierre Sainton pour des podcasts qui feront date sur la décolonisation, sur le crash de 1962 et Mai 1967 et plus récemment pour une comparaison entre Aimé Césaire et Rosan Girard.

Il ne manquait pas de projets, il en sera autrement.

Le comité éditorial de l’association Oliwon Lakarayib présente à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances.

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